Les choix de composition conditionnent la réussite d’une image : une bonne photo sera celle dans laquelle vous mobilisez ou détournez des règles traditionnelles pour exprimer votre point de vue. Connaître les principes de composition est donc une étape indispensable afin de mesurer les effets de vos décisions, mais surtout de vous approprier ces règles.
L’objectif ici est principalement de dégager les spécificités de la composition en photographie. Nous verrons comment orienter le sens de lecture d’une image, mettre en valeur le sujet dans un contexte donné, avant d’aborder les aspects graphiques et esthétiques.

Les clés de la composition

En photographie, les règles de composition ont pour origine celle de la peinture : les deux formes d’art sont visuelles et reposent donc sur des ressorts commun.
L’exercice consiste à travailler des rapports. La composition peut se définir comme l’agencement d’éléments en interaction réciproque, dans le but de suggérer une histoire ou une émotion.

Rechercher l’efficacité

En photographie on se contente de moins de règles que la peinture classique. Vous savez sûrement que l’histoire de la peinture est en effet faite de la recherche de lois mathématique précises qui seraient à même de conduire à la composition parfaite. Du nombre d’or à la ligne serpentine, les artistes étaient méthodiquement en quête de l’agencement idéal. En photo l’usage d’une matière déjà existante réduit les liberté de création, de même que les règles sont moins épurées.

Un photographe doit rechercher l’efficacité en s’adaptant à la réalité.

Construire la lecture d’une image

Pour guider l’interprétation d’une image, il est primordial de maîtriser la façon dont elle sera lue. En soignant l’interaction des éléments, vous dirigerez avec précision l’œil du spectateur dans votre photo.

Détacher le sujet

Concrètement, le sujet peut consister en un élément unique (un être vivant, une personne, un animal, ou bien encore un objet inanimé) que vous détacherez de ce qui l’entoure. Dans ce cas, la photographie prendra par exemple la forme d’un sujet net isolé dans un contexte flou (Photo ci-dessus). C’est le type de composition qu’il soit animalier ou humain, ou bien en macrophotographie d’objet qu’on appellera portrait. On est spontanément amené à se détacher du fond pour se concentrer sur le sujet.

Mettre en relation plusieurs sujets

Le sujet n’est pas nécessairement un objet qui se détache par rapport au reste, la plupart du temps, le sujet retenu est en lien avec au moins un autre élément, d’où le rôle crucial de la composition.

Dans cette photo, on peut voir deux sujets, l’homme debout sur un rocher et le soleil.

Ces deux éléments occupe une place aussi importante dans l’image. Un sujet complète l’autre et vice-versa. Mais cela n’est qu’une interprétation personnelle. Nous pouvons aussi parler de sujet principal et sujet(s) secondaire(s)

sujet principal et sujet(s) secondaire(s)

Notre lecture de la photo ci-dessus peut être tout autre. Le sujet principal (l’homme debout sur le rocher) est sublimé par le ou les sujets secondaires (le soleil, les vagues effet brume et les rochers). Ils mettent en valeur le sujet principal par effet de contraste. Bien évidemment, il est efficace de donner de l’importance au sujet principal tout en minimisant l’impact visuel des sujets secondaires. Mais il peut être tout aussi amusant de déjouer cette hiérarchie (comme ci-dessus) en dissimulant des éléments clés qui n’apparaissent pas essentiels en première lecture. Il faut alors se plonger dans l’image pour en déceler le véritable sens. Ici, j’imagine ce qu’aurais donné un cadrage sans la falaise que l’on aperçois à gauche, est-ce que l’impacte aurait été le même ?

Le sens de lecture

Choisir son sujet conduit nécessairement à opter pour un sens de lecture que l’on impose à l’image. En lien étroit avec la hiérarchie des composantes de l’images, il vous faut diriger le mouvement du regard du spectateur afin qu’il puisse saisir l’histoire ou les émotions que vous lui proposé.

La règle dite des tiers est l’un des principaux outils de la composition en photographie. Facile à mettre en place, elle devient vite un automatisme en prise de vues. Cette règles s’appuie sur un principe d’efficacité et d’harmonie visuelle basé sur le fait que le sujet serais mis en avant si il se situe sur une ligne de force de l’image, plus précisément sur un point de croisement de ces lignes.

Comme vous le voyez sur l’image ci-dessus, mon sujet se trouve sur une ligne de force, et le sujet principal étant la tête de la fillette je l’ai placé au croisement de ces tiers. Automatiquement votre œil ira chercher le sujet à cette endroit !

Bien-sur si vous n’êtes pas à l’aise avec cette règle des tiers, je vous conseille de prendre votre photo avec l’écran LCD de votre reflex et d’y afficher une grille de 3 ! Mais essayer de l’imaginer pour ne pas avoir à vous souciez de ça, ici je suis un peux haut mais vous pouvez toujours retravailler le cadrage en post-production.

Excentrer le sujet

Concrètement, cela implique la plupart du temps de ne pas centrer le sujet dans l’image, même si il s’agit souvent d’une tendance spontanée. Il est au contraire bienvenu de l’aligner sur l’une de ces lignes de force. C’est d’ailleurs un procédé quasi-systématique dans le milieu de la vidéo, notamment lors d’interview.

Briser la règle

Alors oui, je viens de vous dire que la règle des tiers est un classique en photo et en vidéo. Mais c’est loin d’être une obligation, la règle des tiers ne fait qu’énoncer ce qui fonctionne d’emblée visuellement dans 75 à 80% des situations. Mais dans ces 20-25% restant il vaut mieux délaisser le système des tiers pour renforcer l’intensité de la scène.

Ici par exemple, cérémonie de baptême, discours de la marraine, un moment très solennel, l’attention est portée sur elle, on centre donc le sujet à l’image. Un plan plus large peu aussi bien marcher pour ouvrir un peu l’histoire et comprendre d’un coup d’œil que l’on est dans une église.

Utiliser les lignes

Pour guider la lecture de l’image, appuyez-vous sur la gestion des lignes. Elle peuvent renforcer comme déjouer un appréhension instinctive de la photo. L’œil est en tout cas naturellement conduit à suivre ces lignes et parcourir l’image comme ci-dessous.

La/les lignes les plus facile à « attraper » sont les lignes de points de fuites. Simple et efficace comme on dit ! Ici on peux s’interroger sur ce qu’il y a au fond de ce couloir, avec ces voûtes et ces piliers.

N’oubliez pas que la composition passe aussi par la lumière ! Et les photographes travaillent avec elle. Le fait que la pièce du fond soit sombre est intrigant, on veux voir et savoir.

Orientation et format de l’image

Choisir le l’orientation (verticale ou horizontale) et le format (du ratio 1:1 au panoramique) de l’image n’est pas anodin : cela revient à décider du cadre de la scène. Cela représente une certaine fenêtre ouverte sur le monde. Il est donc essentiel d’adapter ces choix de composition au sujet photographié.

Le sujet et son environnement vous indique à 85 voir 90% du temps l’orientation à choisir.

Par exemple, rajoutons un sujet humain en plein milieu de la photo précédente. Debout, droit comme un i.
On changera naturellement l’orientation de la photo en verticale. Pourquoi ?

Comptez le nombre de ligne verticale et horizontale, sans le sujet humain elles sont à peu près de nombre égales. Mais en ajoutant le sujet humain, les lignes verticale prennent le dessus ! On change donc l’orientation de l’image, ensuite pour le format c’est à vous de choisir selon ce que vous voulez raconter.

Dernier conseil

Pour mon dernier conseil, parce que mine de rien, je ne vais pas vous donner tout pour réussir, face à une photo, l’œil réalise inconsciemment une première lecture en balayant l’image de gauche à droite et de haut en bas; il trace ainsi un ou plusieurs « Z » dans l’image.